For 27 years, art historians and Van Gogh enthusiasts have sought the lost masterpiece *Le Docteur Paul Gachet*, one of the artist’s final works. Currently housed at the Musée d’Orsay is a version gifted to his doctor friend. The original, valued at €300 million, vanished after being sold for a mere €100 posthumously. Speculation surrounds its current owner, with hopes remaining that it will one day be displayed for the public, fulfilling Van Gogh’s wish for accessibility.
Une œuvre d’art perdue dans le temps
Il pourrait s’agir d’un chef-d’œuvre perdu à jamais. Pendant 27 ans, les historiens de l’art et les passionnés de Van Gogh se sont acharnés à retrouver *Le Docteur Paul Gachet*, l’une des dernières toiles peintes par le maître néerlandais avant qu’il ne mette fin à ses jours. Aujourd’hui, cette toile est au cœur d’un épais mystère.
Un portrait au Musée d’Orsay
Chaque jour au Musée d’Orsay à Paris, des touristes du monde entier viennent admirer les vingt œuvres de Van Gogh exposées, dont son célèbre autoportrait. *Le Docteur Paul Gachet* s’y trouve également. Ce n’est pas l’original, mais une seconde version offerte par Van Gogh à son ami médecin. Les couleurs et les coups de pinceau diffèrent légèrement. Les visiteurs l’admirent tout en espérant apercevoir un jour le chef-d’œuvre original du peintre.
Jean-Rémy Touzet, conservateur au Musée d’Orsay, évoque l’importance de cette toile disparue depuis près de 30 ans. *« Lorsque Van Gogh rencontre le docteur Gachet, il le considère comme un frère. C’est l’une des peintures les plus touchantes car elle représente aussi une sorte d’autoportrait à travers l’autre, »* explique-t-il. Selon lui, il y a encore de l’espoir de voir le tableau réapparaître. *« Ce serait extraordinaire. En tout cas, le Musée d’Orsay le recherche depuis au moins 25 ans et a mené des recherches à deux reprises. C’est l’une de ces œuvres que nous espérons tous revoir un jour. »*
La valeur de ce chef-d’œuvre est aujourd’hui estimée à 300 millions d’euros. L’histoire de ce portrait serait digne d’un roman. Après le suicide de Van Gogh en 1890, sa belle-sœur a vendu l’œuvre pour une bouchée de pain, l’équivalent de 100 euros à l’époque. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la toile a été saisie par les nazis, qui la considéraient comme dégénérée. Promis à la destruction, le tableau a été sauvé *in extremis*. *Le Docteur Gachet* a ensuite été exposé dans des musées pendant des décennies avant d’être mis aux enchères à New York en 1990.
Un industriel japonais l’a acheté pour 82 millions d’euros, mais ce magnat du papier a été arrêté et a dû vendre la toile. En 1998, *Le Docteur Gachet* a été vendu discrètement à un acheteur anonyme pour un montant non divulgué. Depuis, la peinture n’est pas réapparue publiquement. Même aujourd’hui, la société ayant conduit la vente refuse de dévoiler l’identité du propriétaire. Les recherches frénétiques des historiens et des passionnés n’ont rien donné : selon Me Jean-Pierre Osenat, commissaire-priseur, le secret professionnel s’applique.
Depuis 27 ans, les hypothèses les plus folles circulent sur l’identité de l’acheteur mystérieux. Un héritier de l’empire italien de la pasta Barilla a été mentionné, tandis qu’une attention récente s’est portée sur une famille riche, également italienne, vivant dans un palais en Suisse. Leur avocat, contacté, n’a pas souhaité faire de commentaires.
L’espoir demeure pour tous ceux qui ont consacré leur vie à Van Gogh. C’est le cas de Wouter van der Veen, historien de l’art, qui estime que ce chef-d’œuvre, aujourd’hui évalué à 300 millions d’euros, appartient à l’humanité entière. *« Il fait partie de son ADN d’être vu par le plus large public possible. C’était le souhait de Van Gogh. Donc je pense que s’il y a une peinture qui devrait refaire surface, c’est celle-ci. Après, nous pouvons respecter les souhaits des propriétaires légitimes, mais quel bonheur ce serait de pouvoir la rendre au public, »* affirme-t-il.
À Auvers-sur-Oise (Val-d’Oise), Dominique-Charles Janssens est l’un des gardiens de l’héritage de Van Gogh. Propriétaire de l’auberge où le peintre a séjourné à la fin de sa vie, il rêve d’une chose : que la toile de *Le Docteur Gachet* soit un jour exposée dans un café, l’un des derniers souhaits de Van Gogh avant sa mort.