The invasion of Ukraine by Russia has raised nuclear fears in Europe, prompting countries to reconsider their defense strategies without traditional U.S. support. French President Emmanuel Macron has called for a strategic discussion on using France’s nuclear deterrent to protect European allies. While Russia views this as a threat, some Scandinavian nations express interest, and Poland finds the debate promising. France, the only EU country with independent nuclear capabilities, maintains its deterrent remains solely French, emphasizing strategic ambiguity to keep adversaries uncertain.
La montée des craintes nucléaires en Europe
L’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 a ravivé, pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, des appréhensions face à une éventuelle guerre nucléaire. Le rapprochement récent entre la Russie et les États-Unis, qui semble se faire au détriment de l’Europe et de Kiev, pousse les pays européens à réorganiser leur défense sans l’appui traditionnel de leur allié américain. Dans ce contexte, la question de la dissuasion nucléaire et de l’éventuel parapluie nucléaire français revient souvent sur le tapis.
Une réponse stratégique de la France
« En réponse à l’appel historique du futur chancelier allemand, j’ai décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection de nos alliés européens par notre dissuasion », a déclaré Emmanuel Macron lors d’une allocution à la nation. Dans un discours particulièrement critique envers la Russie, le président français a souligné la possibilité d’utiliser la dissuasion nucléaire si cela s’avère nécessaire.
La proposition de Macron suscite des réactions variées. Jeudi, la Russie a exprimé qu’elle percevait une « menace » dans cette initiative de protection européenne par le parapluie nucléaire français, l’accusant de vouloir prolonger la guerre. D’un autre côté, les pays scandinaves, historiquement réservés sur la question nucléaire, montrent une certaine ouverture à cette proposition, tandis que le dirigeant polonais a qualifié le débat d’« très prometteur ».
La France insiste sur l’importance de la dissuasion car elle est le seul pays parmi les 27 membres de l’UE à détenir des armes nucléaires. Bien que le Royaume-Uni en possède également, il a quitté l’Union européenne en 2020, laissant la France comme le seul pays à disposer d’une dissuasion nucléaire indépendante. Les forces nucléaires britanniques, à la différence des forces françaises, sont intégrées dans le cadre de l’OTAN, bénéficiant ainsi des garanties de dissuasion élargie offertes aux 32 États alliés, comme l’explique Marion Messmer, chercheuse au think tank Chatham House.
En ce qui concerne l’arsenal militaire nucléaire français, selon l’institut Sipri, la France dispose de 290 ogives nucléaires, tandis que le Royaume-Uni en a 225, contre 3,708 pour les États-Unis. De plus, Paris possède quatre sous-marins et des chasseurs capables de lancer des missiles nucléaires, ce qui représente un atout par rapport à Londres, qui s’appuie uniquement sur ses quatre sous-marins pour sa capacité de frappe nucléaire.
Emmanuel Macron fait face à des critiques de l’opposition, notamment de l’extrême droite, chaque fois qu’il aborde le sujet du partage de la dissuasion nucléaire. Cependant, le président et le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, affirment que l’arme nucléaire restera entièrement française, sans partage des coûts ou des ogives. Ils insistent également sur le fait que la doctrine française, qui n’envisage l’utilisation de l’arme suprême que si les « intérêts vitaux » du pays sont menacés, ne sera pas remise en question. La France maintient délibérément une « ambiguïté stratégique » concernant ses intérêts vitaux pour garder ses ennemis potentiels dans le flou.
Pour que la dissuasion nucléaire soit efficace, elle doit être convaincante. Marion Messmer souligne que le plus grand défi réside dans la composante psychologique, car la Russie prend très au sérieux les États-Unis, alors que les États européens sont souvent perçus différemment.